Discours prononcé au cimetière d’Haubourdin – 8 mai 2024
Chers amis, chers camarades,
Le Rassemblement Communiste est ici, dans ce cimetière militaire, tous les ans le 8 mai depuis de très nombreuses années:
- D’abord, pour rendre hommage aux combattants soviétiques reposant dans ce cimetière : ces oubliés de tous ont combattu ici dans la Résistance en France et ont payé de leur vie. Exceptionnellement, cette année, cet hommage aura lieu le 9 mai (demain).
- Ensuite, avec vous les sans-papiers, nous voulons rendre hommage à ces autres oubliés : les ‘tirailleurs’, ces soldats originaires des colonies de l’empire français, qui ont participé activement à la lutte contre le fascisme hitlérien dans les rangs de l’armée française au cours des combats de la seconde guerre mondiale.
Les combattants africains en première ligne contre le nazisme
178 000 combattants de l’Afrique subsaharienne et 320 000 d’Afrique du Nord ont combattu dès les premières heures de la seconde guerre mondiale. Souvent placés en première ligne lors des combats de mai-juin 1940, ils l’ont chèrement payé : sur un total de 60 000 militaires français tués pendant l’invasion allemande, un tiers appartiennent à ces troupes coloniales et 80 000 furent faits prisonniers par le 3ème Reich.
Après la capitulation de juin 1940 signée par Pétain avec l’Allemagne nazie, une armée de la France libre, dont les tirailleurs ont été les fers de lance, a été reconstituée pour une large part en Afrique par De Gaulle pour continuer le combat. Les tirailleurs seront de toutes les batailles, en Italie, en Provence en août 1944, en franchissant les premiers le Rhin en 1945. A la fin de la guerre, dans la 1ère armée du Général de Lattre de Tassigny, sur 550 000 hommes, on comptait 134 000 Algériens, 73 000 Marocains, 26 000 Tunisiens et 92 000 ressortissants d’Afrique Noire, soit 60% de cette 1ère armée.
Par ailleurs, dans la Résistance intérieure, les ex-tirailleurs étaient également présents : 5 000 Africains, évadés des camps de prisonniers allemands, ont rejoint les rangs des FFI. Sans oublier bien sûr, tous ces militants immigrés, souvent déjà engagés avant-guerre, qui ont poursuivi la lutte dans la Résistance.
Tels étaient les hommes qui, hier, ont lutté pour notre liberté et dont certains sont morts dans ce combat. Personne ne peut l’oublier, personne ne doit l’oublier.
Une contribution volontairement oubliée
Mais dès Aout 1944, à la libération de Paris, aucun tirailleur n’a pu y participer, car il fallait blanchir les libérateurs. Un des premiers signes du traitement colonial qui allait se perpétuer et déboucher sur les massacres de Sétif et Guelma en mai 1945 et celui de Madagascar en 1947, pour ne citer qu’eux.
Ce traitement colonial de l’immigration avec ou sans-papiers, continue au travers des lois notamment.
En effet, il y a eu pas moins de 18 lois depuis 1996, 29 depuis 1980 et plus de 100 depuis 1945. Mais la loi dite Darmanin de 2023 restera dans les annales car frappée des sceaux de l’ignominie et de la honte. Cette loi marque un tournant dans le processus de fascisation qui gangrène ce pays depuis que le Front National puis le Rassemblement National ont pignon sur rue, c’est-à-dire depuis que la social-démocratie mitterrandiste lui a remis les pieds à l’étrier au début des années 80.
La question de l’immigration a toujours été la variable d’ajustement et le contre-feu dont on a plus qu’usé et abusé, sous tous les gouvernements. L’immigration a toujours joué un rôle de bouc émissaire et a toujours été rendu responsable de tous les maux de cette société. C’est toujours la tactique utilisée par la bourgeoisie possédante : diviser pour mieux régner.
Les véritables causes de l’appauvrissement, de la précarité, du chômage, résultat d’un système capitaliste à bout de souffle, sont occultées, ouvrant ainsi un boulevard aux thèses suprémacistes du Rassemblement National. En effet, qu’a à voir l’immigration dans la dégradation des services publics de l’éducation et de la santé ? Que vient faire l’immigration dans la dégradation du pouvoir d’achat ? Bien au contraire, ces populations sont les premières à les subir car elles font partie, pour une grande majorité, des classes populaires paupérisées.
Français immigrés : solidarité !
Chers amis, chers camarades,
Hier, dans la Résistance militaire pour la libération de la France, nous avons lutté ensemble, au-delà de nos origines, de notre couleur de peau, de nos religions ! Aujourd’hui, contre l’exploitation capitaliste et pour les droits démocratiques, pour l’unité de la classe ouvrière et du peuple, nous continuons le combat ensemble !
Un combat d’autant plus vital que l’aggravation de la crise du capitalisme fait vaciller des vies et vaciller des consciences. Des Hommes et des Femmes sont laissées dans la précarité la plus totale, en danger de mort permanent et au milieu de la méditerranée.
Ce monde unipolaire, nous n’en voulons plus, et de nombreux peuples se lèvent pour lui substituer un monde multipolaire notamment. Avec les BRICS d’une part mais aussi d’autres formes d’alliance comme en Amérique du Sud. En Afrique, les peuples s’affranchissent progressivement de l’impérialisme français comme au Mali, Niger, Burkina, et depuis le mois dernier au Sénégal.
Chers amis, chers camarades,
Le temps presse. Le processus de fascisation s’accélère notamment depuis la guerre en Ukraine et le génocide qu’est en train de perpétrer l’Armée sioniste en Palestine. Toute voix discordante est interdite, et passible de poursuites judiciaires, comme en témoigne la condamnation injuste et injustifiée du camarade Jean Paul D.
La marche guerrière de l’OTAN et le bellicisme de Macron est un marqueur plus que révélateur de ce processus. Le budget énormissime de l’Armée en est un autre. Nous devons nous unir pour lui opposer une voix de paix et de fraternité internationale.
Chers amis, chers camarades,
Dans le cadre des combats communs que nous menons ensemble, le Rassemblement Communiste soutient plus que jamais le combat des sans-papiers. Celui-ci exige que nous lui opposions une résistance féroce en lien avec le combat de tous les travailleurs contre le fascisme et la guerre et pour une société plus juste, plus fraternelle, plus égalitaire.
Avec ou sans papiers nous sommes tous des travailleurs.
Hommage hommage hommage