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AUX CAMARADES DU PRCF

Depuis l’annonce du lancement du processus vers la fusion entre le RC et l’ANC, plusieurs textes ont été publié sur le site du PRCF pour exprimer leur désapprobation, textes intitulés « Avancer autant que possible vers l’unité d’action : compte rendu des récents échanges du PRCF avec l’ANC RC », « Stratégie révolutionnaire : un front discontinu ne saurait être qu’un front vaincu ! », « Reconstruction du parti communiste de combat : la clarté idéologique comme ciment principal », « La reconstruction d’un vrai parti communiste doit passer par la clarté, la cohérence et la confiance ».

Pour éviter les confusions subjectivistes entre nous et poursuivre les relations de débats et d’unité d’action avec nos camarades du PRCF, mais aussi avec nos camarades du PCRF, il devient important de clarifier les raisons de fond qui motivent l’initiative politique en cours vers la fusion entre RC et ANC.

L’approfondissement de la crise générale de l’impérialisme stade suprême du capitalisme aggrave la fascisation du pouvoir macroniste, la banalisation de l’extrême droite fasciste, la pressurisation des travailleurs, la dévastation de la nature et le danger de guerre. Crise systémique de surproduction qui paupérise à un rythme accéléré la masse des travailleurs et de suraccumulation qui résulte de l’accroissement exponentiel des profits et de la réduction des débouchés.

Consécutive de la restauration du capitalisme en URSS et de la défaite du camp socialiste d’Europe qui a changé défavorablement le rapport des forces entre capital et travail, entre socialisme et capitalisme, entre impérialisme et peuples dominés, la dictature de la pensée et des politiques libérales accélère la liquidation des conquis sociaux et démocratiques et engendre des souffrances sociales qui se répandent à toutes les couches du monde du travail.

L’UE en construction, d’abord pour abattre le socialisme en Europe, révèle de plus en plus sa vraie nature d’alliance des grands bourgeois pour en finir avec les conquêtes sociales et démocratiques au plan interne et préserver à travers l’OTAN l’hégémonie euro-atlantique sur les peuples du monde.

L’émergence des BRICS +, qui associent pays bourgeois et pays rescapés du camp socialiste du Tiers-Monde, apparaît de plus en plus comme un contrepoids à cette hégémonie spoliatrice des puissances impérialistes euro-atlantique.

A nouveau les bourgeoisies impérialistes font appel aux armes de la misère, de la fascisation, du fascisme et de la guerre pour maintenir leurs profits et atteindre le profit maximum.

Depuis trente ans en France, des grèves victorieuses de novembre/décembre 95 à la victoire du non de classe au Traité Constitutionnel Européen en 2005, de la révolte anti-raciste des quartiers populaires en 2005 à la lutte gagnante contre le Contrat Premier Embauche (CPE) en 2006, des Gilets Jaunes aux grandes grèves contre la retraite à 64 ans, de la récente révolte anti-raciste des quartiers populaires à la révolte paysanne en passant par les manifestations de solidarité contre le génocide et l’épuration ethnique et religieuse de l’État sioniste israélien contre le peuple palestinien, s’expriment la résurgence de la résistance du prolétariat de France au défaitisme et aux assauts du libéralisme, du racisme et de l’impérialisme.

Les peuples opprimés en Asie, en Amérique du sud, en Afrique marquent, quant à eux, des points contre l’hégémonie unilatérale oppressive de l’impérialisme USA/OTAN/UE.

En somme, les luttes du prolétariat, des classes laborieuses et de la jeunesse ainsi que celles des peuples opprimés nous font sortir peu à peu des défaites sociales et politiques des années 89/91.

Force est de constater qu’en Asie, en Amérique du sud et en Afrique, que ce soit sous la direction des partis communistes (Chine, Corée du nord, Vietnam, Cuba) dans les pays rescapés du camp socialiste, ou que ce soit sous celle de partis ou coalitions représentants la petite bourgeoisie alliée aux classes laborieuses plus ou moins organisées, des expériences socialistes se poursuivent et de nouvelles expériences souverainistes, anti-libérales, anti-impérialistes émergent débarrassant progressivement le monde de la domination unilatérale des USA/OTAN/UE.

La crise de surproduction et de suraccumulation a engendré la paupérisation de plus en plus accélérée du monde du travail et l’explosion des profits colossaux des actionnaires des grands groupes monopolistes du capital financier. Cette paupérisation, ce déclassement des « couches moyennes » et des couches supérieures de la classe ouvrière (« l’aristocratie ouvrière »), qui avaient été les grands gagnants des Trente Glorieuses, a eu une traduction politique avec un mouvement de différenciation politique au sein des forces politiques, syndicales et associatives dites de « gauche » : différenciation qui s’est exprimée d’une part dans les luttes sociales défensives poussées par les bases syndicales ou hors des syndicats et associations, d’autre part dans les départs successifs des communistes révolutionnaires du P«C»F qui ont fondé la Coordination Communiste, puis le PRCF, le PCRF, l’ANC, le RC. Cette différenciation politique s’est manifestée également sur le plan électoral avec la scission au sein de la social-démocratie qui va donner naissance au Front de Gauche puis à la FI.

Les directions du P«C»F et de la CGT se sont social-démocratisées, voire social-libéralisées. Le tournant sous Mitterrand vers le « there is no alternative » au libéralisme de Thatcher et Reagan est devenu culturellement hégémonique dans les directions des organisations du mouvement ouvrier et populaire.

La victoire, inattendue pour la bourgeoisie, du non au TCE (Traité Constitutionnel Européen) en 2005 a été une étape importante dans ce processus de différenciation entre aile anti-libérale, eurocritique, anti-raciste, antifasciste, écologiste et antiguerre et sociaux libéraux européistes fascisants, pro-guerre et capitalistes verts de plus en plus rejoints par le trotskisme par essence européiste.

La fraction la plus radicale, social-démocrate de gauche, de ce camp antilibéral, malgré ses insuffisances, a été d’abord le Front de Gauche (constitué du PG et du PCF) puis aujourd’hui la FI. Il s’agit là d’une réalité objective qui implique de notre point de vue une participation des communistes révolutionnaires de ce côté de la barricade contre la social-démocratie de droite de plus en plus social-fasciste, contre la droite et l’extrême droite fasciste. C’est la tactique que nous n’avons cessé de décliner, dans les Collectifs Anti-libéraux après 2005, puis le Front de Gauche et enfin en soutenant la FI qui a obtenu à la dernière présidentielle 22 % de l’électorat.

C’est pour aider à freiner concrètement la mise en place du cadre politique et légal permettant à la bourgeoisie en France et dans l’UE de recourir au fascisme qu’il nous semble important de renforcer un front de résistance et d’appuyer les forces objectivement motrices de ce front, même imparfaites comme la FI. Cette position tient compte du contexte aggravé de fascisation auquel le macronisme nous a amené et qui ne sera stoppé que par une unité plus large que le mouvement communiste.

Posons la question : Avec quelles forces politiques représentant quelles classes sociales nos camarades du PRCF comptent-ils, eux, édifier leur « Front de Résistance Antifasciste, Pacifique (anti-impérialiste), Populaire, Patriotique et Ecologique (FRAPPPE) » ?

Parallèlement, nous avons poursuivi la stratégie de mise en œuvre avec nos camarades de l’ANC, du PRCF, du PCRF, de l’unité d’action dans la perspective de la reconstruction du Parti Communiste dont le prolétariat et le peuple ont besoin. Rappelons que cette unité d’action stratégique a organisé le 10ème anniversaire de la victoire du TCE devant l’Assemblée Nationale en 2015, publié de multiples déclarations communes, notamment sur la nécessaire sortie de l’UE et a abouti à la publication d’un numéro d’« Échanges Communistes » sur nos convergences et divergences sur le lien dialectique entre sortie de l’UE/OTAN et révolution socialiste en France.

Toutefois, analysant l’aggravation accélérée de la crise systémique du capitalisme impérialiste, l’implosion avec le macronisme de la tactique du bipartisme « droite/gauche » de la bourgeoisie, la fascisation de la démocratie libérale en crise, la montée du racisme d’État négrophobe, arabophobe, islamophobe diviseur du monde du travail, du peuple, la menace montante du fascisme d’extrême droite et du danger de guerre, nous en avons conclu que le moment est venu de mettre en application l’enseignement de K. Marx selon lequel « tout pas en avant, toute progression réelle vaut mieux que 12 programmes ».

Ainsi le processus vers la fusion que nous enclenchons avec nos camarades de l’ANC, disponibles pour cette avancée, est le « pas en avant » dans une organisation unique dotée d’un manifeste-plateforme et de règles de fonctionnement fondées sur le centralisme démocratique et qui tienne compte du nécessaire réapprentissage théorique et pratique consécutif au recul idéologique subi par le mouvement communiste ouvrier dans notre pays.

Apprendre à élaborer ensemble, ANC/RC, qualitativement notre ligne politique communiste révolutionnaire à partir de « l’analyse concrète de la réalité concrète » (Lénine) et à la mettre en pratique en action dans l’objectif de « la fusion du mouvement ouvrier et de la théorie révolutionnaire », tout en œuvrant à l’unité d’action avec les autres composantes de la Reconstruction Communiste. Telle est la nouvelle expérience que nous impulsons afin de répondre au besoin – de plus en plus exprimé par les éléments d’avant-garde combatifs – de l’accroissement quantitatif des forces organisées dans une organisation démocratique de combat de classe, capable d’influer peu à peu sur le mouvement de masse.

Lénine enseignait : « Le sentiment de fierté nationale nous est-il étranger, à nous prolétaires grands-russes conscients ? Bien sûr que non ! Nous aimons notre langue et notre patrie ; ce à quoi nous travaillons le plus, c’est à élever les masses laborieuses à une vie consciente de démocrates et de communistes. Le plus douloureux pour nous, c’est de voir et de sentir les violences, l’oppression et les vexations que les bourreaux tsaristes, les nobles et les capitalistes font subir à notre belle patrie. Nous sommes pénétrés d’un sentiment de fierté nationale, car la nation grand-russe a créé, elle-aussi, une classe révolutionnaire ; elle aussi a prouvé qu’elle est capable de fournir à l’humanité des grands exemples de lutte pour la liberté et pour le socialisme, et pas seulement de grands pogroms, des rangées de potences, des cachots, des grandes famines et une grande servilité à l’égard des popes, des Tsars, des grands propriétaires fonciers et des capitalistes ».

Oui, nous RC partageons avec nos camarades du PRCF, comme le dit Lénine « le sentiment de fierté nationale », mais à la différence de nos camarades du PRCF nous devons préciser que nous nous démarquons de la formule niant les classes sociales de « la République une et indivisible » parce qu’elle est bourgeoise et n’a été historiquement progressiste que pour se débarrasser de la monarchie et de la féodalité avec l’aide du peuple.

Les « lumières universalistes » ont été la base idéologique de l’abolition du féodalisme et du renversement par la bourgeoisie de la noblesse, de l’aristocratie. Elles ont donc été « universelles » pour l’époque des révolutions bourgeoisies antiféodales, mais ne peuvent l’être pour l’époque du passage au socialisme première étape du communisme.

C’est la raison aussi pour laquelle nous ne fétichisons par le drapeau tricolore et que nous ne l’associons au drapeau rouge frappé du marteau et de la faucille que contre le drapeau étoilé de la prison des peuples qu’est l’UE, dans des luttes telle la mobilisation antifasciste comme en 2002 contre Le Pen au second tour, les révoltes des quartiers populaires et Gilets jaunes, ou encore contre l’État raciste vichyste servile à l’occupation nazie, etc.

Le drapeau tricolore est donc dialectiquement contradictoire même s’il reste et demeure celui de la nation. Il faut rompre la soumission à la bourgeoisie. Il faut, en tant que communistes, rompre avec la bourgeoisie et amener la classe ouvrière, les classes laborieuses à disputer l’hégémonie idéologique, politique et culturelle à la bourgeoisie pour lui arracher le pouvoir et édifier le socialisme premier stade du communisme.

La classe ouvrière et le mouvement populaire doivent absolument opposer à « la fierté nationale » de la bourgeoisie impérialiste française, la « fierté nationale » du prolétariat de la Commune, des conquêtes sociales et démocratiques du Front unique puis populaire de 36, 45, 68, des grèves et de la solidarité avec les luttes anti coloniales du Rif dans les années 20, de l’Indochine/Vietnam, de l’Algérie en condamnant les répressions, massacres coloniaux du 17 octobre 61 à Paris, du métro Charonne, de Thiaroye en 1944, de Madagascar en 1947/48, du Cameroun de 1955 à 1971, de l’assassinat de Sankara, des coups d’états françafricains, de la zone monétaire coloniale du CFA, des bases militaires françaises en Afrique, etc.

La défense de la nation en France ne retrouvera une grandeur de classe, d’abord dans l’unité des prolétaires et du peuple français, que dans la lutte contre le racisme d’État négrophobe, arabophobe, islamophobe, dans la lutte contre le fascisme et l’impérialisme français et la complicité de l’État bourgeois avec le sionisme israélien et les impérialismes occidentaux.

La défense de la langue française contre l’hégémonie du globish ne sera prolétarienne que dans l’unité des prolétaires et du peuple français contre l’hégémonie culturelle du français dans l’ex-empire colonial français.

La nation française est comme toute nation une catégorie historique née avec le capitalisme et qui n’est pas restée figée, mais qui, à l’époque de l’impérialisme, a évolué avec l’apport de populations plus récentes issues des ex-colonies françaises. Il n’est pas question de l’idéaliser, ni même de la fantasmer républicaine, mais de la considérer comme cadre national de la lutte de classe entre travail et capital.

Sur la question de l’Union Européenne, pour élaborer une stratégie d’ensemble de la révolution socialiste, la nécessité de sortie de ce carcan impérialiste est maintenant accentuée par le danger fasciste et le risque de guerre de s’emparer d’une des données du problème du capitalisme impérialiste en France. Au contraire des trotskistes européistes dont la position conduit à l’immobilisme dans l’attente que le prolétariat des autres pays européens nous rejoigne, il nous faut rejoindre notre prolétariat là où il est dans sa lutte et œuvrer à le doter de son avant-garde politique, le parti, pour le rendre capable le moment venu de prendre le pouvoir et édifier le socialisme première étape du communisme.

Nous pensons que la question historique qui se pose aujourd’hui aux communistes n’est pas celle d’une pureté idéologique auto-proclamée, mais bel et bien celle d’une action concrète contre l’hégémonie culturelle et politique de la bourgeoisie sur la France. Plus que jamais, face aux risques des fascistes boostés par la fascisation de la démocratie libérale, nous devons travailler à l’unité d’action et à l’action vers l’unité pour construire les conditions objectives de la reconstruction d’un parti communiste en France. C’est, dans cet objectif clair, que se situe notre processus de fusion avec l’ANC et que nous réitérons ici l’appel de notre Résolution politique de la conférence nationale du RC de juillet 2023 :


« Ainsi, il est urgent d’accélérer le processus de convergence des organisations de la Reconstruction communiste par l’unité d’action tout en travaillant idéologiquement à rapprocher les analyses par le débat et la confrontation, prélude à la nécessaire fusion à terme des organisations communistes aujourd’hui éclatées. »

Rassemblement Communiste

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