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SYNTHÈSE DE NOS CONVERGENCES ET DIVERGENCES AVEC NOS CAMARADES DU PRCF

Le 5 mai 2024, nos camarades du PRCF ont répondu à notre texte de réponse à leurs critiques de notre décision commune avec l’ANC d’enclencher un processus vers la fusion.

Ce long texte du PRCF polémique, en réalité, avec la social-démocratie de gauche et les trotskistes, tout en voulant répondre à notre réponse. Ce mélange des genres ne permet nullement « la clarté et la cohérence » que nous opposent nos camarades du PRCF.

La question de la reconstruction communiste se pose depuis que la dégénérescence du PCF ne cesse de charrier, au fil du temps, des départs et des oppositions internes à cette organisation qui était née comme la section française de l’internationale Communiste. Les premiers opposants furent en 1981 les signataires de la « lettre des 9 au CC du PCF » à l’initiative de Jeannette Thorez-Vermeersch et Jean Salem, puis la « Coordination Communiste » dans les années 1990, avant la malencontreuse séparation qui a donné PRCF, PCRF, RC, et ensuite les Rouges Vifs suite au congrès de Martigues en 2002 d’où provient l’ANC, pendant que d’autres restaient dans le PCF.

Il est donc nécessaire d’éviter des faux débats nous amalgamant avec la social-démocratie de gauche et les courants trotskistes. Et cela justement pour la « clarté et la cohérence » que mettent en avant nos camarades du PRCF.

Une fois clarifiée cette confusion consciente ou inconsciente des camarades du PRCF, l’on peut ramener sereinement nos débats aux équations suivantes :

A) l’appréciation de la situation internationale et nationale de la lutte pour la reconstruction communiste

Sur le plan international :

– Pour nous, le danger de guerre en Europe et mondiale est une réalité évolutive consécutif à la fois de la crise de surproduction et de suraccumulation et de l’avènement progressif du « monde multilatéral » versus le « monde unilatéral » hégémonique des impérialistes USA/UE/Otan ;

– C’est aussi cette préparation à la guerre qui explique que les bourgeoisies impérialistes de l’UE dans le sillage des USA, notamment notre bourgeoisie impérialiste française, précipitent la marche forcée vers « l’Europe fédérale » ultra-libérale dont parlent nos camarades du PRCF, marche forcée permise par la fascisation en cours des démocraties bourgeoises en crise ;

– La guerre qui s’annonce sera une guerre d’agression des USA/UE/Otan contre tout ou partie des BRICS+ qui, avec les rescapés du camp socialiste (Chine, Corée du nord, Vietnam, Cuba) et les Etats anti-libéraux et anti-impérialistes d’Amérique du Sud et d’Afrique, vont devoir mener une grande guerre patriotique.

Sur le plan national :

– l’accélération aggravée de l’offensive libérale contre les conquis sociaux et démocratiques ;

– le macronisme, qui a fait imploser le bipartisme « droite/gauche », est une fascisation de la démocratie bourgeoisie en crise qui aggrave le danger de la prise du pouvoir par le fascisme ;

– la fascisation se manifeste concrètement par le règne des 49/3, les répressions des résistances sociales et syndicales, la criminalisation de la solidarité avec le peuple Palestinien, l’alignement sur le sionisme génocidaire colonialiste, la négrophobie, l’arabophobie et l’islamophobie qui font des français originaires des ex-colonies et de l’immigration avec et sans papiers les boucs-émissaires des dévastations sociales du capitalisme en crise, voire d’une potentielle cinquième colonne ;

– l’agressivité redoublée de l’impérialisme françafricain contre l’actuelle seconde phase de libération nationale et panafricaine en cours en Afrique.

Nos camarades du PRCF ont-ils choisi d’ignorer ces facteurs décisifs qui motivent notre décision commune ANC/RC d’accélérer sans précipitation notre marche vers la fusion ? Pour nous, le contexte ainsi analysé nous conduit à faire le choix conscient de mettre en pratique le principe énoncé par Marx/Engels « tout pas en avant vaut mieux que 12 programmes ».

B) Continuité stratégique vers la reconstruction communiste et adaptation tactique par l’engagement dans le nécessaire front anti-libéral, antifasciste, eurocritique et antiguerre

L’analyse du danger croissant de guerre et de la fascisation nous a conduit à combiner l’effort continu que nous n’avons cessé de déployer (les dirigeants du PRCF peuvent en toute bonne foi en témoigner) pour l’unité d’action de 4 organisations de la reconstruction communistes (PRCF, ANC, PCRF, RC), tout en œuvrant à l’alliance tactique sur le terrain et au plan électoral des forces anti-libérales, antifascistes, eurocritiques, anti guerres dans des cadres allant des Collectifs anti-libéraux post victoires du NON au référendum du TCE, au Front de Gauche, la FI à l’Union Populaire d’aujourd’hui.

Le processus actuel vers la fusion RC/ANC n’est nullement antinomique, ni incohérent avec l’application de tactiques différentes jusqu’à la fusion, qui n’est qu’une étape vers le parti communiste dont la classe ouvrière et le peuple ont besoin. Nous assumons donc tous les deux, RC comme ANC, des tactiques différentes en lien avec nos engagements ou pas dans le front, tactiques dont nous débattons dans le cadre du processus vers la conférence nationale de fusion.

L’allusion qui insinue que nous taisons nos positions ou que nous nous diluons dans le front ne mérite pas qu’on s’y attarde, parce que c’est facile à vérifier dans nos positionnements publics et notre présence sur le terrain.

Nos camarades du PRCF font manifestement une confusion sur ce qu’est un front. En effet, le front actuel a été préfiguré par la victoire du NON au TCE lors duquel, à grand trait, toutes les forces opposées ont « marché séparément et frappé ensemble », y compris la social-démocratie qui s’est alors scindée en droite européiste et gauche eurocritique (disons inconséquente), en libéraux et alter et/ou anti-libéraux.

Le vote NON au TCE a été un vote de classe contre l’union sacrée de la droite à la social-démocratie, des bourgeois aux « classes moyennes » supérieures, des bureaucraties syndicales, associatives aux bases victimes de la prison des peuples qu’est l’UE.

Les collectifs anti-libéraux, puis le Front de gauche, LFI, UP ne sont que des expressions politiques, dominées par la petite bourgeoisie inconséquente, de la résistance des classes populaires à la dévastation des conquis sociaux et démocratiques, et de la biosphère, mais aussi à la fascisation et à la guerre. Comment peut-on dès lors attendre de ces forces politiques autre chose que l’inconséquence face au capitalisme impérialiste ? C’est l’incroyable attente illusoire qui transparaît dans la non-réponse de nos camarades du PRCF à la question suivante posée dans notre texte-réponse :

« Avec quelle forces concrètes allez-vous bâtir le FRAPPE (front) auquel vous appelez ? »

Vous nous proposez de participer à une campagne de boycott des élections européennes.

S’il nous faut lutter contre le saut fédéraliste, la guerre et la fascisation, en quoi une campagne pour l’abstention aux européennes y changera quoi que ce soit ? Il est clair que ce « boycott » n’entravera pas le « saut fédéral européen ».  

Si nous partageons l’analyse qu’un front se dessine autour d’un mot d’ordre et non l’inverse, les conditions d’un front ne doivent pas non plus être détachées du contexte historique dont il dépend.

Dans l’état de faiblesse de nos forces, nous faut-il attendre et laisser la fascisation se faire ou analyser l’état actuel et tenter de la freiner ? Si nous partageons l’analyse de la fascisation de la France, nous pensons que cette analyse doit avoir une conséquence dans notre analyse et nos pratiques.

De même, il nous faut combattre l’excipient de la fascisation qu’est l’islamophobie, comme racisme d’État et régénérateur de tous les autres racismes en France. Pourrons-nous la combattre par un appel au boycott ou appuyer ceux qui sont attaqués pour leur défense des droits des racisés ?

Si la FI succombe à la propagande de guerre en Ukraine, elle résiste fièrement à la propagande sioniste de soutien au génocide des Palestiniens. Pourrons-nous lutter contre le sionisme et le génocide palestinien par le boycott ? 

Refusant d’être hors sol et partant de la réalité du rapport des forces entre les classes sociales, notamment la faiblesse idéologique et politique du prolétariat et plus largement des classes laborieuses, nous avons choisi de nous engager de ce côté de la barricade anti-libérale, antifasciste, anti-guerre sur le plan des actions de terrain, mais aussi sur le plan électoral.

Parallèlement à ce travail politique de front, nos camarades du PRCF savent parfaitement que nous demeurons engagés avec eux, sur le terrain de la lutte pour la reconstruction communiste. Alors pas de faux procès d’intention.

Travaillons ensemble à réunir les conditions subjectives du « pas en avant » qui peut permettre de changer le rapport des forces dans le front entre les sociaux-démocrates de gauche anti-libéraux, antifascistes et antiguerre d’une part et nous autres communistes d’autre part. C’est aussi cela que nous entrevoyons dans le processus de fusion RC/ANC.

C) Drapeau, « lumières », citations

Notre réponse précédente sur la dialectique contradictoire du drapeau de la nation au regard de la nécessaire unité anti-raciste et antifasciste des classes laborieuses de notre pays ne souffre d’aucune invalidation dans les longues tirades à coups de citations hors contexte.

En effet, nos camarades font l’autruche sur l’évolution démographique de notre peuple après 1945. Notre peuple est devenu de fait multicolore, multiculturel, multi-religieux parce que notre bourgeoisie à la recherche de main d’œuvre taillable et corvéable à merci a importé des ouvriers et leurs familles issus des ex-colonies. Cette France colorée est la nation dans laquelle les partis bourgeois de droite et de gauche sont en train de se fasciser dans le sillage du fascisme montant. Les Mohamed, Mamadou, Fatima, Fatou français et immigrés avec et sans papiers sont victimes du racisme d’État.

Oui, il faut travailler à l’unité de notre classe ouvrière, de notre monde du travail en opposant le drapeau tricolore au drapeau bleu étoilé de l’alliance des impérialismes européens dont le nôtre, mais en même temps nous devons nous opposer à l’utilisation du drapeau de la nation pour diviser sur des bases racistes notre prolétariat et notre peuple, et à son utilisation pour les guerres et prédations de la françafrique, mais encore pour l’oppression linguistique de notre langue le français sur les langues des néocolonies de notre bourgeoisie impérialiste.

Nous devons également rappeler les crimes faits au nom du drapeau tricolore contre la Commune, contre les Algériens le 17 octobre 1961, mais aussi les hauts faits d’armes internationalistes contre les guerres coloniales de notre impérialisme. C’est cela une des conditions d’adhésion à l’Internationale Communiste qui a fait les heures de gloire du PCF section française du Komintern. Nous n’avons donc rien à rajouter sur ce que nous avions exprimé.

Quant aux « lumières », leur « universalité » a une validité historique fondamentale pour l’époque des révolutions bourgeoisies anti-féodales. Mais la grande révolution d’octobre 1917 est la matrice des révolutions du XXème siècle – à travers notamment celles qui ont réussi et perdurent jusqu’à aujourd’hui, à savoir les révolutions chinoise, coréenne, vietnamienne, cubaine – lesquelles préfigurent les révolutions à venir du XXIème siècle.

En outre, faire comme si les « lumières » n’étaient que françaises alors que toutes les nations européennes y ont apporté leur pierre, frise le chauvinisme qui ne sied ni au « patriotisme, ni à l’internationalisme » auxquels se réfèrent Jean Jaurès, Politzer, Manouchian, Tiémoko Garang Kouyaté, Henri Barbusse, etc. Nous autres, communistes français, devons avoir l’humilité que n’a pas notre bourgeoisie arrogante.

Enfin, vos nombreuses citations, notamment de Lénine, sont fortement décontextualisées. Comment peut-on à ce point confondre l’URSS et la France capitaliste impérialiste ? C’est assez surprenant voire ahurissant.

Oui, notre classe ouvrière, le PCF section française de l’Internationale Communiste et la CGTU, section française du Profintern (l’Internationale Syndicale Rouge) ont montré dans leur histoire que notre nation française ne peut être réduite à la violence tyrannique de classe, coloniale et néocoloniale de notre bourgeoise impérialiste.

Oui, notre prolétariat et ses organisations, politique (le PCF historique pas celui d’aujourd’hui) et syndicale, (CGT) ont eu des heures de gloires qui font l’honneur de notre nation.

A nous maintenant de reconstruire le parti communiste qui permettra à nos classes laborieuses et à notre peuple de renouer avec cette tradition de lutte de classe internationaliste, pour vaincre notre bourgeoisie nationale impérialiste qui n’a plus rien à offrir que la misère, l’éco-destruction, le racisme, le fascisme et la guerre. Poursuivons notre travail d’unité d’action et de lutte pour l’unité idéologique.

Inspirons-nous de Lénine et des Bolcheviks qui dans le POSDR ont mené une lutte politique et idéologique intransigeante pour que s’instituent « juges de ces tristes aspects de la vie de notre parti… les nombreux praticiens révolutionnaires dévoués à la cause, qui n’ont point pris part à la bagarre » (Projet de résolution sur les mesures visant à rétablir la paix dans le parti – janvier 1904, tome 7, p.161).

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